Pourquoi meurt-on à différents âges, les uns très jeunes, les autres très
vieux ?
Quand des gens se regroupent autour d’une fin commune, ce n’est pas un hasard. Bien sûr, on peut évoquer une prétendue cause précise, mais toute leur vie pointe vers ce moment-là.
Quand un avion tombe avec trois cents personnes dedans, l’avion n’est pas la cause de la mort : tous ces gens ont convergé selon un certain point. Extérieurement existe une cause visuelle, cela concerne les journalistes ; mais on ne meurt pas avant son heure. Lorsque la mort survient, c’est que ce qui devait être accompli s’est accompli.
Ce n’est pas à recevoir comme une théorie, cela s’impose à un moment donné ; si cela ne s’impose pas, il ne faut pas l’accepter. C’est uniquement du point de vue de 1’ouverture que peut se manifester le pressentiment de ces choses. Plus vous pressentez cette ouverture, plus votre relation avec la vie et la mort s’aménagent différemment.
On n’est pas obligé de complètement disparaître avec la mort. Rien ne naît ou ne meurt, uniquement notre regard. Quand des amis bien-aimés quittent cette terre, il est évident que vous ne les quittez pas. Si vous gardez en vous cet état d’accueil, sans rien vouloir empêcher, cette disparition va, dans les moments de tranquillité, laisser la place à des moments d’unité de très grande intensité.
Sur un autre plan, le « pourquoi » est toujours stupide. Ce qui arrive, arrive, c’est tout. Et même, ce « arrive » est de trop, rien n’arrive. Le pourquoi surgit de l’agitation, du besoin de se sécuriser, de se sentir dans une compréhension.
Quittez le pourquoi. Que reste-t-il à ce moment-là ?
La mémoire